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Participe passé

 

Comprendre le participe passé

Le participe passé est source d'erreurs nombreuses et un véritable casse-tête pour beaucoup de monde, mais il suffit d'en connaître quelques règles pour devenir incollable !

Tout d'abord, le participe passé est la forme que prend le verbe quand il perd son autonomie : il participe alors à autre chose grâce à différents outils :

 

  • un verbe qui lui sert d'auxiliaire pour former un temps composé (soit "être", soit "avoir").

Ex. : Les enfants ont parlé, sont venus jouer et ont fait la fête.

  • un nom ou un pronom qu'il vient compléter. Il fonctionne alors comme un adjectif qualificatif, et il en remplit la fonction et en copie le comportement.

Ex. : Fatigués, les enfants aux joues rougies par l'effort soutenu sont rentrés se reposer.

Il est donc important de comprendre qu'un participe passé est un mot qui ne fonctionne pas seul mais en lien avec ces mots qu'il accompagne. C'est ce fonctionnement qui permet de le distinguer d'un verbe conjugué : guettez donc ces indices !

 

 

Construire le participe passé

Pour construire correctement un participe passé, il faut tenir compte des règles de formation propres à chacun des trois groupes de verbes :

 

  • les verbes du premier groupe dont l'infinitif est en -er forment leur participe passé en -é. C'est aussi le cas du verbe "aller". Leur terminaison sera donc toujours au participe passé en -é. Toutefois, les marques du féminin (-e) et du pluriel (-s) pourront s'ajouter en fonction de l'accord.

 

Ex. : mangé, parlé, vantée, plantées, allés...

 

  • les verbes du deuxième groupe dont l'infinitif est en -ir mais qui, lorsqu'on les conjugue, se voient augmentés d'un suffixe en -iss- (finissons, punissant, rougissiez...) forment leur participe passé en -i. Leur terminaison sera donc toujours au participe passé en -i. Toutefois, les marques du féminin (-e) et du pluriel (-s) pourront s'ajouter en fonction de l'accord.

Ex. : fini, rougi, punie, pétries, subis...

  • les verbes du troisième groupe, c'est-à-dire tous les autres, peuvent avoir trois types de terminaisons au participe passé :

  1. participe passé en -i : sorti, parti, menti, senti...

  2. participe passé en -u : lu, vu, bu, mordu, rompu...

  3. participe passé en -s/-t : mis, pris, dit, écrit, fait...

N.B. : pour un verbe du troisième groupe, il est donc préférable de prendre le réflexe de vérifier sa terminaison en passant par le féminin pour mettre en évidence la consonne finale éventuelle : une chose sentie, vue, écrite, prise...

 

Bien évidemment, les marques du féminin (-e) et du pluriel (-s) pourront s'ajouter en fonction de l'accord.

 

 

Accorder le participe passé

 

On a vu qu'un participe passé fonctionne en lien soit avec un auxiliaire, soit avec un nom ou un pronom qu'il complète. On a vu qu'à sa terminaison de participe passé s'ajoute éventuellement une marque d'accord en genre (masculin/féminin) et en nombre (singulier/pluriel). Des règles simples régissent l'accord du participe passé :

 

  • si le participe passé est employé sans auxiliaire, il doit être accordé à l'élément qu'il complète. Il se comporte donc comme un adjectif qualificatif, dont il copie les fonctions et comportements. On peut d'ailleurs le remplacer par un adjectif qualificatif non verbal.

Ex. : Les enfants fatigués rangent leur ballon bruni de terre dans les étagères encombrées par leurs autres jeux salis.

 

  • si le participe passé est employé avec un auxiliaire, il s'accorde en fonction du sujet ou du COD (Complément d'Objet Direct). La règle d'accord est historiquement la conséquence de l'écrit au Moyen-Âge : comme on recopiait les livres à la main faute d'imprimerie, souvent sous la dictée, ou en tout cas mot à mot pour éviter les erreurs de copie, il s'avère qu'on ne savait comment accorder le participe passé que lorsque l'information nécessaire arrivait. Il en résulte qu'on n'accorde le participe passé que si, au moment de l'écrire, l'information nécessaire à l'accord a déjà été donnée.

 

Ex. 1 : Les enfants ont attrapé la balle. (qu'est-ce qui est attrapé ? la balle = information donnée après, donc pas d'accord.)

Ex. 2 : La balle que les enfants ont attrapée est rouge. (qu'est-ce qui est attrapé ? la balle = information donnée avant, donc accord avec COD "balle")

Ex. 3 : Les enfants sont venus jouer. (qu'est-ce qui est venu ? les enfants = information donnée avant, donc accord avec le sujet "les enfants". Les verbes de mouvements ou d'état n'impliquent généralement pas de COD = le participe passé peut aisément alors être remplacé par un adjectif qualificatif avec le même comportement (les enfants sont venus = les enfants sont beaux). Dans les cas où un COD est inutile, c'est le sujet qui mène l'accord.)

Ex. 4 : Les enfants se sont blessés. Ils se sont blessé la main. Ils se la sont soignée. (dans le cas d'un verbe pronominal (avec pronom réfléchi "me", "te", "se"...), il faut donc regarder si un COD est nécessaire et s'il se trouve avant ou après le verbe pour savoir avec quoi accorder et s'il faut accorder. Autrement dit, dans cet exemple, il faut toujours se demander qui/quoi est blessé/soigné : si la réponse est déjà connue au moment d'écrire le participe passé, on peut accorder avec elle).

 

Quelques cas problématiques

Il y a certains cas où l'accord peut poser problème, mais rien d'insoluble, puisque ça respecte en réalité la règle énoncée plus haut :

  • le cas des verbes modaux. On appelle verbe modal un verbe qui se conduit un peu comme un auxiliaire puisqu'il en introduit un autre : faire, laisser, pouvoir, vouloir... Le verbe qui suit, puisque les verbes modaux ne sont pas des auxiliaires, est toujours un infinitif. En revanche, lorsqu'un verbe modal est au participe passé, on peut s'interroger sur son accord. La plupart du temps, en réalité, c'est simple : l'infinitif qui suit est généralement le Complément d'Objet Direct (COD), donc le participe passé reste invariable, puisque l'accord n'est pas encore connu au moment d'orthographier le participe passé.

Ex. : Les participants se sont laissé prendre. ​Elles se sont fait remercier. Ils ont voulu venir.

  • le cas des propositions infinitives. Pour le cas où le participe passé est complété par un infinitif, il faut tenir compte du COD : s'il est nécessaire, on regarde s'il est connu avant le participe passé, mais, s'il est inutile, on accorde avec le sujet ; bien sûr, s'il est inconnu, on n'accorde pas.

Ex. 1 : Ils se sont vus tomber. (Qui est-ce qui est vu ? "Ils", donc accord, puisque l'information est connue au moment d'écrire le participe passé)

 

Ex. 2 : Ils sont partis faire des courses. (Qui est-ce qui est parti ? "Ils", donc accord, puisque l'information est connue au moment d'décrire le participe passé)

 

Ex. 3 : Ils ont vu Séraphine arriver et l'ont entendue chanter. (Qui est-ce qui est vu ? "Séraphine", donc pas d'accord, puisque l'information n'est pas connue au moment d'écrire le participe passé // Qui est-ce qui est entendu ? "Séraphine", donc accord, puisque l'information est connue au moment d'écrire le participe passé).

 

Ex. 4 : Ils ont entendu acclamer (Qu'est-ce qui est entendu ? "acclamer", donc pas d'accord, puisque l'information est inconnue au moment d'écrire le participe passé.)

  • le cas des des propositions incises. Dans un dialogue, la parole du personnage est COD du verbe de parole (on dit/répond/demande... quelque chose). Or, la parole de personnage formant proposition, elle n'a ni genre ni nombre et ne permet aucun accord. Les participes passés de verbe de parole dans les incises de dialogue sont donc invariables.

Ex. : — Ça suffit ! ai-je lancé. (Qu'est-ce qui est lancé ? "Ça suffit !").

Pour compléter cette notion, rendez-vous à l'article "Conjugaison" !

Participe passé
Participe présent

Participe présent

 

Qu'est-ce que le participe présent ?

Le participe présent est cette forme que prend le verbe lorsqu'on lui applique la terminaison en -ant qui implique que l'action ou l'état est en cours de déroulement.

 

Le participe présent est une forme ambiguë du verbe qui n'appartient plus tout à fait à la conjugaison, puisque c'est un temps impersonnel et qu'il peut être utilisé comme adjectif qualificatif ou comme nom, mais qui flirte encore avec sa nature de verbe, puisqu'il accepte des compléments. C'est ce caractère ambivalent qui rend son utilisation problématique.

Ce participe présent peut être présent (rangeant, finissant, partant) ou passé (ayant rangé, ayant fini, étant parti), mais aussi actif (rangeant/ayant rangé, finissant/ayant fini, partant/étant parti) ou passif (étant rangé/ayant été rangé, étant fini/ayant été fini). Lorsque le participe présent se construit avec un auxiliaire, il faut ensuite accorder le participe passé en fonction des règles d'accord rappelées ici.

Comment accorder un participe présent ?

Venons-en à la question cruciale de l'accord du participe présent. Nous avons commencé par dire que le participe présent est à cheval entre sa nature de verbe et une nature plus floue qui emprunte à l'adjectif ou au nom... C'est quand il a un comportement verbal que le participe présent ne s'accorde pas. S'il a des compléments de verbe (sujet, COD, COI, Compléments Circonstanciels...), c'est qu'il se conduit comme un verbe, et on ne l'accordera pas. S'il n'a pas de complément de verbe, il abandonne de fait son comportement verbal et s'accordera.

Ex. : Les enfants sont usants. Les enfants usant leurs parents, ils sont tôt couchés !

Dans la première phrase, "usants" n'a aucun complément de verbe et qualifie uniquement le nom "enfants" avec lequel il s'accorde donc. Dans la seconde phrase, "usant" accepte un COD (les enfants usent qui ? leurs parents) et doit donc être considéré comme en usage verbal et donc invariable.

Astuce : on peut mettre le nom au féminin pour s'aider, puisqu'on entend la différence à l'oral.

Ex. : des hommes parlant(?) français => des femmes parlant(X) français (pas d'accord !)

Ex. : C'est un moyen parlant(?) => C'est une astuce parlante (accord !)

Les pièges du participe présent

Certains participes présents connaissent des irrégularités d'orthographe suivant qu'ils sont en usage verbal et donc invariables ou bien en usage non verbal et donc à accorder. Le Participe Présent (PP) a une orthographe proche de celle du verbe et ne s'accorde pas tandis que l'Adjectif Verbal (AV) s'en distingue et s'accorde :

  

  • adhérer => PP = adhérant // AV = adhérent

  • communiquer => PP = communiquant // AV = communicant

  • convaincre => PP = convainquant // AV = convaincant

  • converger => PP = convergeant // AV = convergent

  • diverger => PP = divergeant // AV = divergent

  • fatiguer => PP = fatiguant // AV = fatigant

  • intriguer => PP = intriguant // AV = intrigant

  • naviguer => PP = naviguant // AV = navigant

  • négliger => PP = négligeant // AV = négligent

  • précéder => PP = précédant // AV = précédent

  • provoquer => PP = provoquant // AV = provocant

  • suffoquer => PP = suffoquant // AV = suffocant

  • vaquer => PP = vaquant // AV = vacant

Pour généraliser :

  • verbes en -quer donnant un nom en -tion (communication, provocation...) 
► adjectif en -cant (sinon, c'est régulier)
  • verbes en -guer  
► adjectif en -gant
  • verbes en -erger et négliger  
► adjectif en -gent (sinon, c'est régulier)
La question du tabou dogmatique
Tous les outils du français sont légitimes à être utilisés et, pour certains, sont même inévitables. Néanmoins, régulièrement, certaines personnalités fortes partent en guerre contre certains mots : adverbes en -ment, participes présents, auxiliaires "être" ou "avoir", ou encore pronom/conjonction "que"... Il faut savoir qu'aucun de ces outils n'est interdit. Mais, comme pour tout, il faut éviter d'user un outil en y recourant trop : longueur conséquente des adverbes en -ment, sonorités brutale du "que" et sa syntaxe façon matriochkas si on n'y prend pas garde, sonorités nasales et désagréables des adverbes en -ment ou des participes présents... Il y a évidemment des raisons stylistiques d'éviter certains outils, mais pas systématiquement. Il s'agit de bien les utiliser sans en abuser ni se les interdire.
Dans le cas d'un participe présent auquel on recourrait de manière trop systématique, il suffit de reformuler à l'aide de subordonnées ou de synonymes.
Ex. : En y regardant bien, c'est un amant fatigant. => Si on y regarde bien, c'est un amant qui fatigue.
Ici, on voit qu'il suffit de reformuler le premier à l'aide d'une subordonnée circonstancielle et le second par une subordonnée relative. Cela permet d'ôter deux des trois [an] qui pouvaient nasaliser la phrase. Néanmoins, le constat étant celui d'un désagrément, l'assonance en [an] n'était pas si dérangeante ! En revanche, gare aux variations de sens : ici, l'amant était fatigant pour les autres, et il y a dans la reformulation une ambiguïté, puisqu'il devient aussi fatigué... Il faut donc parfois ajouter des précisions pour renforcer l'univocité du sens, ou bien adopter une formulation tout à fait différente.

Personnage

 

Qu'est-ce qu'un personnage ?

Personnage vient du latin "personna" qui signifie "masque". C'est dire s'il s'agit d'un être de fiction qui doit tromper le lecteur, le spectateur. Mais attention, ne vous y méprenez pas : il ne s'agit pas de tromper n'importe comment ! Il faut que le personnage ait l'air vrai, vivant. Or, bien souvent, on se contente de typer un personnage, voire de lui donner un corps, puis de s'en servir comme d'une marionnette utilisée comme prétexte pour dérouler l'action (la princesse passive, le prince courageux, le méchant mégalomane, le badboy traumatisé...).

Non.

Pour qu'un lecteur ou un spectateur s'attache et s'intéresse à un personnage, celui-ci doit ressembler non à un être de papier mais à un être de chair dans lequel on puisse se reconnaître ou reconnaître la vérité du vivant.

À défaut, le lecteur ne se sentira concerné ni par ce qui arrive au personnage ni par le récit dans son ensemble.

Comment donner la vie à un personnage ?

Quand on se pose cette question, on devrait en réalité s'en poser une autre : qu'est-ce qui fait qu'un individu est unique, touchant, intéressant ?

 

Il y a bien entendu sa physionomie, et c'est ce qui vient en premier, mais on ne peut se cantonner à un visage, à une silhouette. La physionomie englobe tout le corps et sa gestuelle, sa démarche, ainsi que la façon dont le corps s'habille et s'empare de l'espace, le timide restant dans la plus petite portion, le conquérant s'emparant du maximum d'espace. Mais le corps, c'est aussi l'action du regard sur le monde, la portée de la voix, le parfum... La présence physique, c'est cinq sens conjoints : il ne faut pas l'oublier. Mais gare cependant à l'écueil eugéniste : le corps ne fait pas tout, et il serait malvenu de tomber dans le cliché du beau gentil et du laid méchant, ou bien dans l'anti-cliché du beau méchant et du laid gentil. Le réel étant nuances, le réalisme le sera d'autant (par réalisme, on n'entend pas ici absence de magie, mais bien vraisemblance, cohérence, crédibilité, ce qui fait que le personnage paraît vrai, réel). Pareillement, on se méfiera de l'autoritarisme en matière d'apparence physique : donner une description trop précise d'un physique conduit souvent à dresser des portraits très minutieux qui sont tout autant rébarbatifs à lire que contre-productifs, puisque le lecteur est contrecarré dans son identification : en effet, si le personnage dispose d'un physique complet à l'exclusion de tous les autres possibles, le lecteur ne peut plus se reconnaître en lui. Quelques traits caractéristiques, donc, mais de la latitude pour l'imagination. On se concentrera ainsi sur les traits déterminants pour l'intrigue ou la psychologie du personnage.

Mais le corps, s'il est important pour le regard des autres et la façon dont on se perçoit, n'est que l'enveloppe externe d'une individualité complexe et cachée qui se manifeste par les actes, les mouvements et postures du corps, les paroles ou l'activité intérieure (perceptions, émotions, réflexions).

Un personnage est d'abord le fruit de son passé, qui lui donne un passif. Il ne s'agit pas d'établir avant le récit une biographie de 200 pages, et encore moins de l'infliger au lecteur en guise de prologue, mais d'avoir établi clairement comme architecture de la psychologie du personnage des lignes de force qui s'expliquent par son histoire : défiance à cause de trahisons, audace à cause d’idolâtrie parentale ou d'insécurité affective qui pousse à sans cesse faire ses preuves au mépris du danger, besoin de séduire par manque d'amour... En fait, il faut comprendre que l'esprit humain fonctionne selon des schémas de bon sens qui sont souvent assez simples mais cachés par les routines et les éléments disparates qui composent la vie. Repérer ces schémas permet de donner au personnage une personnalité cohérente qui permet de prévoir ses décisions, les bonnes comme les mauvaises, et donc de les mettre en discussion avec l'action pour légitimer rebondissements et réactions. Un personnage sans psychologie n'est qu'une mécanique creuse souvent illogique, une girouette narrative qu'on ne suit qu'avec peu de plaisir parce qu'on ne la comprend pas, qu'on ne la sent pas vraie. Si la psychologie de l'esprit humain est un domaine qui vous est trop méconnu, je vous invite à parcourir deux de mes créations : mon guide d'introduction à l'introspection et à l'épanouissement personnel "Le Fil d'Ariane", qui enfonce pas mal de portes ouvertes avec bon sens mais a le mérite d'expliciter les mécanismes qui sous-tendent notre fonctionnement, avec toute une partie sur la mécanique des rêves et leur interprétation, mais aussi mon guide de déconstruction des tabous et conditionnements sexistes et sexuels qui viennent empoisonner et déterminer les relations humaines en général et amoureuses en particulier : "Du  cul en chœur". Enfin, ne partez pas du principe que tout personnage doit être un traumatisé tragique : les crises traversées par les personnages n'ont pas besoin d'être objectivement graves pour revêtir pour celui qui les traverse une dimension traumatisante ! On peut tout à fait être traumatisé par quelque chose qui paraîtra anodin à autrui, ou garder peu de séquelles d'un événement qui passera pourtant pour horrible aux yeux d'un autre.

C'est cette histoire vécue par le personnage qui construira sa manière d'appréhender le monde, son regard subjectif sur la réalité, ce qui fera qu'il percevra le réel autour de lui avec optimisme ou pessimisme, avec amour ou haine, avec espoir ou crainte, avec plaisir ou dégoût... Celui qui a vécu une rupture amoureuse difficile ne verra autour de lui que des couples dans lesquels il projettera ses échecs et illusions déçues ; le parent privé de son enfant guettera dans la foule les enfants et parents pour interroger sa propre souffrance ; le criminel cherchera le policier ou le rival, le mauvais coup... Bref, en fonction de son vécu, un personnage ne voit pas ce qui l'entoure de la même façon. Il ne porte pas un regard neutre et objectif sur le monde, et c'est ce regard qui traduit son intériorité, ses projets, ses blessures, sa personnalité. Incarner un personnage ne consiste donc pas à en faire des portraits-fleuves, et encore moins à en proposer des analyses psychologiques de plusieurs pages, mais bien de le montrer en prise avec son réel en tant qu'être vivant, sensible, cohérent avec son parcours, par ses actes, ses paroles ou sa manière de recevoir le réel.

Fiche de personnage : to do or not to do ?

Chacun fait selon ses besoins pour investir un personnage. Fiche détaillée ou générale, préalable ou au fur et à mesure : tout dépend de ce qui vous sécurise et vous permet de comprendre votre personnage et de faire corps avec lui. A minima, je vous recommande de prendre des notes au fil de l'écriture : vous éviterez ainsi les changements de noms, de couleur d'yeux ou de cheveux, de taille ou de métier intempestifs ! En effet, un roman est un texte trèèèèèèèèèèèèès long à écrire, et on y met beauuuuuuuuuuuucoup de détails ! Et les traquer ensuite pour les harmoniser peut être fastidieux. Garder une trace de vos choix narratifs et descriptifs peut vous être d'un précieux secours ! 

Entrer dans son personnage : le chausse-pied magique !

En réalité, l'astuce est à la fois simple et ardue : vous devez devenir votre personnage. Chacun d'eux. Tout comme eux doivent devenir une partie de vous. Il s'agit d'un exercice d'imagination et de projection. À ce titre, raconter à la première personne peut aider à devenir votre personnage.

Attention ! On croit souvent à tort que l'imagination est un super-pouvoir dont on dispose de manière innée ou dont on ne dispose pas selon les caprices de muses surnaturelles. Je vous invite à briser ce tabou castrateur en lisant mon article sur l'inspiration !

En fait, le principe consiste à nourrir votre personnage de votre sensibilité : si vous étiez dans sa situation, que regarderiez-vous, que percevriez-vous, que ressentiriez-vous, que feriez-vous ? En injectant dans votre personnage votre sensibilité, votre bon sens, votre réactivité, vous nourrissez sa profondeur, sa réalité. Inversement, vos personnages ne sont pas des clones fidèles de vous-même : donc, vous devez vous approprier leur passif, leur situation, devenir eux le temps de l'écriture afin de mieux percevoir, ressentir et réagir au plus près de l'histoire racontée. Vous devez vivre le récit, vivre vos personnages, et cela passe par un jeu intérieur, un jeu d'acteur, un jeu schizophrénique qui fait tout l'intérêt de l'écriture, puisque c'est ce qui vous permet de vivre ce surcroît d'existence qu'offre l'invention de personnages et de récits.

Pour compléter cette notion, rendez-vous à l'article "Description" !

Sur la question du brouillon et des fiches préparatoires, je vous recommande la lecture de mon article sur les mécanismes de l'écriture.

Personnage
Ponctuation

Ponctuation

 

Qu'est-ce que la ponctuation ?

 

Il s'agit d'un système de signes arbitraires qui organisent à l'écrit le soutien de la syntaxe des phrases et des textes afin de pallier l'absence de voix pour marquer les limites des groupes dans la phrase et des phrases dans le texte. Les différents signes utilisés ont des règles d'usage différentes qui répondent toutes à une même contrainte : clarifier le sens en marquant la construction de la phrase.

I. Le point, fermoir des possibles.

 

Le point peut servir pour marquer les abréviations dont on a tronqué les lettres finales, mais c'est avant tout la limite finale d'une phrase. Et quand sait-on qu'une phrase est achevée ? Eh bien, quand ce qui suit part sur une nouvelle idée, un nouveau sujet, un nouveau moment, un nouveau lieu, et qu'aucun lien syntaxique, aucun mot ne vient forcer la liaison entre les phrases.

Ex. : Elle est venue le voir. Il lui a dit de repasser. Elle a refusé.

Ces trois phrases sont bien des phrases simples indépendantes correctement construites. Leurs sujets sont indépendants. Le point pour les séparer est donc pertinent. Quoi qu'il en soit, la virgule ne peut remplacer le point dans cette situation, sauf si la série de propositions liées par virgules devaient former une liste.

 

Ex. : Elle est venue le voir, il lui a dit de repasser, et elle a refusé.

 

Toutefois, séparer ces trois phrases donne à l'action un rythme heurté, chaque action paraissant plombée par son seul poids. On peut donc opter pour la phrase complexe afin de favoriser la liaison des actions et leur fluidité.

Ex. : Elle est venue le voir, mais il lui dit de repasser, ce qu'elle refuse.

 

 

II. Le double point, médiateur d'explication.

 

Le double point est sous-employé mais correspond pourtant à des usages bien définis. Il introduit une citation, un dialogue (qui est une forme de citation), mais aussi un exemple, une explication, une cause, une conséquence. En fait, dès qu'une portion de texte illustre une autre portion de texte, c'est le double point qui est à privilégier pour indiquer ce lien explicatif. En revanche, on ne peut utiliser deux points à la suite dans une même phrase.

Ex. : Il serre les poings : elle obéira.

III. Le point-virgule ou la simultanéité.

Le point-virgule est presque tombé en désuétude, détrôné presque à chaque fois par la virgule ou le point. Pourtant, l'intérêt du point-virgule est encore d'actualité lorsqu'on veut garder liées dans une même phrase des actions simultanées ou quasi simultanées, ou bien des propositions différentes appartenant à la même phrase mais comportant déjà des virgules.

Ex. : Pourtant, elle a quelque chose d'important à lui dire ; son secret doit être dévoilé, et il l'écoutera. Elle avance ; il se crispe ; elle grimace ; il pouffe soudainement.

IV. Les points de suspension.

Ils interviennent quand un énoncé est suspendu, soit parce que quelqu'un le coupe, soit parce que celui qui s'exprime n'ose aller au bout de son idée, soit parce qu'il peine à tout dire d'une traite. Pour l'usage de la majuscule après les points de suspension, il suffira de se demander si la phrase qui suit est la suite de celle qui a été interrompue ou bien une nouvelle. On ne mettra une majuscule que si c'est une nouvelle phrase qui débute.

Ex. : Il s'est... souvenu. Il s'est rappelé comme ils étaient... amis. À moins que ce rire ne soit faux ? À moins qu'il... Non, il détend ses poings et lui adresse un clin d'œil !

 

 

V. La ponctuation forte : points d'exclamation et d'interrogation.

 

Ils se placent comme de bien entendu à la fin des phrases exclamatives, et interrogatives. Attention à ne pas les sous-employer ni suremployer. Ce sont des outils légitimes pour impacter le rythme et l'intention de la phrase, mais il ne faut pas non plus les user. Attention aux interrogatives indirectes, qui ne prennent pas de point d'interrogation.

 

Ex. : Comment réagira-t-il ? Qu'est-ce qu'elle espère qu'il la croira ! Elle se demande seulement s'il acceptera de la soutenir et jusqu'où il voudra bien l'aider, s'il l'aide. 

On peut utiliser conjointement un point d'interrogation et d'exclamation, les deux se suivant sans espace intercalaire et dans l'ordre qui conviendra à la hiérarchie des intentions sous-jacentes. Certains se sont amusés à créer des signes de ponctuation complémentaires et fantaisistes.

 

 

VI. Le tiret d'incise.

Lui aussi tombé en désuétude, il permet de distinguer une partie de la phrase qui en commente une autre.

 

Ex. : Elle s'approche doucement de lui, encouragée par le retour de ce sourire qu'elle lui connaissait tant, avant — si tant est qu'un sourire puisse conserver cette innocence de l'enfance maintenant que la vieillesse est venue mâcher son visage...

 

VII. La virgule : omniprésente, mais pas omnipotente !

La virgule est un signe de ponctuation très fréquent et pourtant très malmené. Cela tient à un malentendu cultivé dès l'apprentissage de la lecture, quand on nous explique qu'il faut respirer quand il y a une virgule. On en infère implicitement qu'il faut placer une virgule lorsqu'on respire, mais il n'en est rien. Sinon la ponctuation d'un asthmatique différerait sensiblement de celle d'un apnéiste !

Une virgule est un signe écrit qui accompagne la syntaxe. Elle s'utilise dans un nombre de cas limité en lien avec les autres signes de ponctuation. On l'utilise pour :

  • juxtaposer les éléments d'une liste de mots ou groupes de même catégorie grammaticale (nature) et de même fonction.

 

Ex. 1 :​ Martine aime manger, danser, lire, se promener et discuter.

Ex. 2 : Martine aime la nourriture, la danse, la lecture, la promenade et les discussions.

Ex. 3 : Martine aime beaucoup, passionnément, farouchement et irrémédiablement tout ça.

Ex. 4 : Martine aime quand elle mange, danse, lit, se promène ou discute.

Ex. 5 : Martine mange, danse, lit, se promène et discute.

En revanche, on ne juxtapose pas normalement des propositions différentes par une virgule. La virgule n'est pas un signe de ponctuation pour construire des phrases complexes. La phrase suivante est donc incorrectement ponctuée : "Les enfants viennent sonner à la porte, la voisine vient ouvrir, ils vendent des gâteaux, elle en achète, ils financent leur sortie scolaire, leurs professeurs leur ont confié cette mission, la voisine se régale."

  • inscrire une adresse ou une apostrophe dans un texte, ou bien mettre un mot en exergue ou en incise.

​​

Ex. Martine, tu viens demain ? Sandrine, elle, elle vient. Alors, insiste-t-elle, tu viens ?

  • ​accompagner l'insertion d'un complément circonstanciel ou d'une expansion du nom afin de conserver ensemble les éléments essentiels d'une part et ces éléments secondaires d'autre part. 

Ex. : ​Ce matin, Martine est venue voir sa voisine, Arlette, au rez-de-chaussée.

 

On remarquera au passage que, si le complément est au milieu de la phrase, il est inséré entre deux virgules. Aussi, lorsque ce complément est bref, on privilégiera l'insertion sans virgules afin de ne pas créer de heurts, mais on privilégiera sinon de commencer la phrase ou de la finir par le complément circonstanciel afin de laisser ensemble les éléments principaux du sens.

Ex. : Martine est venue ce matin au rez-de-chaussée voir sa voisine Arlette.

Pour des raisons évidentes de sens, on évitera donc de séparer un sujet de son verbe, ou un verbe de son complément essentiel.

Ex. : Martine, ce matin, avec son chien Tik qu'elle allait promener, est venue au rez-de-chaussée de leur immeuble sur le boulevard Haussmann, juste en face de l'épicerie à la devanture bleue, voir sa voisine qu'elle aime aller voir chaque jour pour lui parler de ses enfants, Arlette. 

Mon exemple est volontairement excessif, mais on voit que le sujet strict, le verbe et son complément essentiel strict sont très entrecoupés au point qu'il devient difficile de comprendre cette phrase pourtant bien construite.

  • introduire une proposition coordonnée par "mais", "ou", "et", "donc", "or", "car" ("ni" s'utilise en duo sans virgule, et à plus avec des virgules, en liste). Les conjonctions de subordination et les adverbes de même sens suivent le même fonctionnement.

​​

Ex. 1 : ​Martine a accepté, mais elle n'est pas venue.

Ex. 2 : Sandrine a accepté, et l'absence de Martine a été remarquée.

Ex. 3 : Martine n'est pas venue, donc Sandrine était triste.

Ex. 4 : Sandrine est venue, or elle s'attendait à trouver Martine.

Ex. 5 : Martine n'est pas venue, car Sandrine serait là.

Ex. 6 : La fête était ratée, puisque Martine était absente.

Ex. 7 : La fête était ratée, pourtant Sandrine était là.

En la matière, on pourra se montrer flexible si la proposition insérée par la conjonction est très brève ou ne se présente pas vraiment comme une nouvelle proposition faute de sujet propre, et se réserver le droit de ne pas couper par une virgule un complément très bref, parce que ça donnerait un aspect très heurté à la phrase.

Ex. : La fête était prometteuse mais ratée.

Dans certains cas où les deux propositions coordonnées utilisent le même sujet, il est fréquent d'éluder le sujet dans la seconde proposition. La virgule rompt alors la chaîne de sens, et il est alors préférable de ne pas la mettre, mais souvent mieux de réintroduire le sujet.

Ex. 1 : Martine voulait venir mais a eu peur que ça se passe mal. 

Ex. 2 : Martine voulait venir, mais elle a eu peur que ça se passe mal.

 

Attention

 

Lorsque deux propositions coordonnées comportent des compléments circonstanciels, les deux usages se cumulent : l'encadrement du groupe secondaire et l'accompagnement du coordonnant.

Ex. : Martine a refusé de venir, et, pour se consoler, elle est allée au cinéma.

VIII. Les espaces et la ponctuation : un peu, beaucoup, passionnément... à la folie !

Une astuce simple : si le signe de ponctuation utilisé ne comporte qu'un seul élément, il n'a besoin que d'une seule espace — après (virgule, point et points de suspension) ; lorsqu'en revanche le signe de ponctuation comporte deux éléments, il a besoin de deux espaces — la première avant, la seconde ensuite (double point, point-virgule, point d'exclamation, point d'interrogation).

Et, oui, en typographie, le caractère invisible "espace" est bien un mot féminin ! 

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