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L'erreur de la faute !

Des partitions et une croix

Le terme "faute" est issu de la tradition chrétienne et renvoie au péché. Commettre une faute d'orthographe, ce serait donc enfreindre un tabou, une loi morale, et donc mériter sanction, opprobre et pénitence, réclusion.

Faire une erreur, c'est se tromper, par distraction, négligence ou ignorance. C'est le processus normal de l'apprentissage, ce que cultive toute formation, parce que l'humain n'apprend qu'en se heurtant à ses propres erreurs.

Il en résulte dans nos sociétés une tendance lourde issue de notre culture judéo-chrétienne comme de notre rapport historique à l'autorité à éliminer la contradiction ou à justifier notre suprématie par le discrédit qu'on jette sur ceux qui maîtrisent moins bien que nous les codes de la langue. Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, donc ce qui ne peut s'énoncer clairement devrait ne pas être conçu. Autrement dit, la liberté d'expression serait réservée à ceux qui en maîtrisent les subtiles complexités.

Quand vous recalez le message de quelqu'un au nom de son orthographe défaillante, vous ne faites pas autrement que celui ou celle qui discrimine négativement une personne en la réduisant à son origine ethnique, à sa confession religieuse, à son sexe, à son orientation sexuelle ou à son physique. Sauf que notre pays s'accommode très bien du mépris de classe, bien moins sujet à réprobation publique que le racisme ou le sexisme. Mais c'est un déni de démocratie et d'humanité qui suit pourtant la même logique. Je vous invite à consulter mon article sur les clichés pour prolonger cette réflexion. De même, mon article sur l'écriture inclusive complète avec pertinence cette réflexion. Quant à la question de savoir si les gens d'aujourd'hui ne savent plus écrire, demandez-vous plutôt qui écrivait naguère... Pour les nostalgiques d'un temps qui n'a jamais été, je vous invite à lire cet article.

En fait, la réflexion est politique, et on retrouve dans les avis "tranchés" sur cette question le même clivage qu'entre la pensée individualiste de droite et la pensée collectiviste de gauche. La première considère qu'on se fait soi-même en dépit des déterminismes, l'autre qu'on a besoin d'aide pour s'affranchir de ces déterminismes. La première considère qu'il faut punir les non méritants, la seconde qu'il faut faire en sorte que chacun ait la possibilité de pouvoir mériter.

 

Autrement dit, toujours cette querelle de longueur de vue entre ceux qui veulent punir et considèrent que comprendre signifie excuser et ceux qui veulent prévenir et considèrent que punir signifie avoir échoué.

Enfin, cette réflexion ne serait pas complète sans la question des troubles cognitifs. En effet, pour certaines personnes plus nombreuses qu'on ne le croit, il existe de nombreuses difficultés qui peuvent se rencontrer et qu'on étiquette souvent sous le nom de "dys". Ces difficultés sont des obstacles d'ordre médical et doivent être traitées comme tels pour espérer développer des stratégies de compensation et/ou de remédiation, mais le diagnostic est souvent tardif et les prises en charge fastidieuses, tant les moyens humains en la matière sont insuffisants par rapport aux besoins. Je vous propose de faire le point avec cette émission de vulgarisation scientifique.

Alors, amis de la plume, écrivons, écrivon, lisons, lison, lizon, mais en tout cas remplissons-nous de ces livres qui démultiplient notre expérience du monde et nous permettent de mieux partager, nous comprendre et vivre en empathie les uns avec les autres !

Toutes les sociétés qui se sont construites sur l'exclusion de l'un de leurs groupes ont mal fini. Si on tentait l'inclusion ?

Petite vidéo d'utilité publique sur ce sujet...

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