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Photo du rédacteurProfesseur Tsunami

Écocide : danger imminent !

Chaque année, le jour du dépassement advient plus tôt dans l'année. Entre 1986 et 2021, dans le monde, il est passé du 31 décembre au 29 juillet (voir cet article).

En 2022, en France, on l'a atteint le 5 mai (voir cet article).


Qu'est-ce que ça signifie ? Eh bien, que nous avons consommé toutes les ressources d'une année trop tôt dans l'année, et donc commencé à puiser dans les réserves futures, réduisant nos ressources à venir d'autant, ainsi que leurs capacités à se régénérer à l'avenir. Bref, nous vivons à crédit et sommes à découvert avant le milieu du mois (voir cet article).


Parce que l'humanité ne se contente pas de polluer l'air, l'eau et la terre en empoisonnant le vivant, détruisant les écosystèmes et bouleversant le climat : elle épuise les ressources plus vite que la nature ne les régénère.


Et on ne parle là que des ressources renouvelables du monde vivant. À côté de ça, évidemment, les ressources non renouvelables, elles, s'épuisent (voir cet article).


En réalité, c'est tout notre système économique qui est fondé sur la surexploitation du vivant et des ressources qui pose problème, car cette mécanique folle est conçue non pour répondre aux intérêts collectifs mais comme un marché dont la fonction est de permettre à quelques-uns de s'enrichir en captant toutes les richesses au mépris des inégalités et injustices profondes qui frappent la quasi-totalité du vivant, et ce dans l'impunité et l'indifférence générale, phénomène incompréhensible a priori, si l'on ne prend pas en compte les déterminismes psychosociaux et les stratégies de communication et de manipulation maîtrisées par les puissances de l'argent qui ne s'offrent pas le 4e pouvoir des médias par philanthropie mais pour se prémunir contre toute menace à l'encontre de leurs profits.


Précisons d’entrée de jeu qu’il ne va pas s’agir ici de salir le métier de journaliste, pour lequel j’ai le plus grand respect, car il est vital à la démocratie si nous voulons que les citoyens puissent mettre en œuvre leurs droits et devoirs démocratiques avec lucidité et compétence dans l’intérêt général. Il va s’agir surtout pour moi de montrer ce qui m’étouffe d’indignation au quotidien : des personnes se présentent comme journalistes sur des médias de premier plan — télévision, radio, presse papier ou numérique —, mais elles traînent ce métier dans la boue, et avec lui l’ensemble de notre société. C’est de cela dont je souhaite parler aujourd’hui, non des journalistes, mais des journaleux.

L’expression « journaleux » n’est pas heureuse, j’en ai conscience, mais, quand bien même elle serait née dans des bouches rageuses du fait d’un journalisme d’investigation qui ne les a pas flattées dans le sens du poil, il n’en demeure pas moins que le quatrième pouvoir qu’exerce la presse n’est pas sans lien avec la crise de confiance démocratique et l’ensemble des crises que nous traversons et face auxquelles nous nous montrons si méprisables d’inertie et de déni. Et, en la matière, le comportement des professionnels de l’information qui nous est donné à voir dans les grands médias est honteux, et c’est ce que je propose d’éclairer aujourd’hui.


Ce n'est pas un hasard si la plupart des médias sont entre les mains de milliardaires (voir cet article).


Ce n'est pas un hasard si la plupart des médias recrutent des chroniqueurs et éditorialistes de droite et d'extrême droite pour animer des talk-show de plus en plus trash, de plus en plus polémiques, de plus en plus acharnés à produire du conflit contre tout ce qui peut diviser (voir cet article)...


Quant à la question spécifique du délire sur le wokisme, le décolonialisme et l'islamogauchisme des sectes LGBTQ+, c'est par ici.


Ce n'est pas un hasard si les seules choses que vous ne trouverez pas creusées, dénoncées, rappelées, ce sont des sujets comme l'évasion fiscale, la responsabilité des puissances de l'argent dans l'inaction climatique et l'injustice sociale (voir cet article).


Non.


Ce n'est pas un hasard.


Tout est fait pour qu'on regarde vers le bas, vers le plus miséreux, dont il faudrait craindre l'essor car il pourrait nous disputer notre part de miettes.


Non, ce n'est pas un hasard si tout pousse à nous méfier de l'étranger, de l'homosexuel, de l'extrémiste de gauche.


Non, ce n'est pas un hasard si partout le dogme libéral est flamboyant malgré ses mensonges, perversités et limites.


Ne nous laissons pas coloniser le cerveau par leurs mensonges et petites manipulations !


Le système qui nous asservit et nous pousse à nous entredévorer n'est profitable qu'à cette minorité d'ultrariches qui vivent de leurs rentes et dividendes sur notre dos comme des tiques sur un chien famélique.


Et on sait comment ça se termine, à la fin : soit le chien meurt, soit on se débarrasse des parasites.


Et, aujourd'hui, les tiques ont des armées d'avocats et de lobbyistes pour défendre leurs intérêts.


Ça, ça devrait nous mettre la puce à l'oreille.


Chaque jour, dans la rue, dans les urnes, dans la vie, redressons-nous. Ne nous laissons pas faire. Résister était presque facile, quand l'occupant était identifié par un uniforme. Aujourd'hui, le fasciste sourit, porte une belle cravate, un beau tailleur, mais c'est à son uniforme de pensée qu'on le reconnaît quand même : il ne crache jamais vers le haut de peur que ça lui retombe dessus, mais il piétine allègrement tout ce qui agonise sous ses pieds.


Moi, ce n'est pas de ce monde dont je rêve. Et vous ?

Pour en revenir à la question des médias, et plus spécifiquement des meRdias, il faut mesurer à quel point, quotidiennement, des personnalités d’horizons divers son invitées et questionnées sur les plateaux de télé et de radio ou dans les colonnes des journaux et magazines. Et c’est ce questionnement qui pose problème. Dans la grande majorité des cas, les questionneurs sont issus d’une même formation idéologique et méthodologique : libéraux de centre droit, ils n’en remettent en cause aucun élément de dogme, mais en défendent au contraire les postulats les plus critiquables — pas toujours consciemment, toutefois —, et, collecteurs de parole, ils ne confrontent jamais ou presque leurs invités aux faits, réduisant les ondes et pages qui nous abreuvent en continu d’informations variées non de faits mais d’opinions dogmatiques plus ou moins problématiques.

Bien sûr, les émissions de fact-checking et les fact-checkers se multiplient, mais rarement en interaction avec ces invités eux-mêmes, dont la parole n’est pas contredite, et dont les propos demeurent donc tous mêlés sans possibilité de trier les éléments de langage d’un côté et les faits de l’autre. En cela, les médias principaux entretiennent un brouhaha médiatique dans lequel n’importe qui peut dire n’importe quoi et son intervention prendre autant de valeur que le compte-rendu factuel de l’expert le plus compétent. Ce relativisme intellectuel, méthodologique et idéologique qui met tout sur un même pied d’égalité est un premier écueil extrêmement problématique, car le téléspectateur, l’auditeur ou le lecteur n’ont plus d’instrument ou de repères pour hiérarchiser l’information, et ne demeure au final que le biais cognitif de simple exposition : sera considérée comme valide la vision qui sera la plus présente (voir cet article).


Or, les médias matraquent tout particulièrement avec des idées qui valorisent l’idéologie capitaliste libérale et raciste.

En effet, la plupart des médias sont des entreprises commerciales privées dirigées par des milliardaires dont le but est d’accroître leurs profits. Pourtant, la presse génère bien peu de bénéfices. Il serait naïf de considérer les milliardaires comme de généreux mécènes qui veulent rendre à la société une part des richesses qu’ils ont accumulées en soutenant la culture et l’information. En revanche, il sera prudent et lucide de considérer le propriétaire d’un média comme une boussole de la crédibilité du média. Les médias du groupe de Vincent Bolloré, par exemple (Cnews, Canal+, C8...), ont depuis leur rachat viré fortement à droite et renforcé le poids du divertissement sur l’information et la culture, et, dans le cas des émissions d’actualité, le poids des opinions d’extrême droite. Les médias qui sont principalement détenus par Martin Bouygues (TF1, LCI, TMC...), Patrick Drahi (BFM, RMC, L’Express...), Xavier Niel (Le Monde, Nice-Matin...) et bien d’autres (voir cet article et celui-ci) ne font pas autre chose en multipliant les émissions « d’information » misant en réalité sur le divertissement plutôt que l’analyse, et en confiant l’animation des émissions à des éditorialistes la plupart du temps de droite ou d’extrême droite, avec l’écueil principal de surreprésenter les idées et discours de droite et d’extrême droite (voir cet article).

Il résulte de cette apparente mais fausse objectivité des médias deux phénomènes extrêmement gênants :

— l’imposition sans contradiction possible de l’idéologie libérale capitaliste comme point de vue dominant jusqu’à être présenté comme seule grille de lecture du réel alors même qu’il s’agit bien d’une idéologie ;

— la suscitation d’un état de sidération résignée chez la pupart des citoyens à qui on ne propose qu’une alternative : continuer dans l’impasse économico-économique qui ne profite qu’à une poignée de richissimes Terriens aux dépens du vivant dans son ensemble, ou bien sombrer dans le délire fasciste du bouc-émissaire et des violences imposées à des communautés minoritaires.

Voilà pourquoi je ressens le besoin de faire un point afin d’alerter celles et ceux qui l’ignorent sur les mensonges et dissimulations d’un système médiatique qui nous conforme au lieu de nous informer, qui nous désinforme au lieu de nous former.


La dette, les charges, l’inflation et le pouvoir d’achat sont par exemple des thèmes où les délires idéologiques sont forts et la contestation bien faible, puisqu'il s'agit là d’argent. Évidemment, si vous avez suivi mon propos précédent sur les propriétaires des médias, vous ne serez pas étonnés qu’une confusion soit recherchée.

À écouter les nombreux « experts » et « représentants » qui saturent les ondes et les débats, les services publics comme les aides sociales et les impôts qu’ils nécessitent sont la cause de tous nos maux. Chômage, inflation, pauvreté et criminalité seraient liés à une fiscalité trop importante pour financer des services publics inutiles et des aides sociales illégitimes qui financeraient une immigration criminelle et un assistanat indigne d’une société de travail. Tant de choses à reprendre dans ce discours de haine et de mensonge ! Pour ne pas vous saoûler de mots, je vous propose simplement de visionner deux vidéos d’Osons causer/comprendre qui a fait un travail de recherche et de restitution pertinent en la matière :




Ce qu’il faut comprendre, c’est que les services publics et les aides sociales permettent de corriger les inégalités sociales de naissance. Les travaux sociologiques et statistiques ne manquent pas pour constater, démontrer et expliquer ces inégalités qui déterminent l’insertion sociale, le statut social et au final le bonheur des individus.

Or, les seules personnes qui n’en ont pas besoin sont celles qui ont les moyens financiers de recourir à des écoles et cliniques privées, à des avocats pour faire valoir leurs droits et assurer leur qualité de vie. Ce sont ces gens qui ont tout et n’ont pas besoin d’aide qui militent pour la réussite au mérite, pour la suppression des aides sociales et la destruction des services publics. Ce sont aussi ces gens-là qui paient le plus d’impôts. C’est ce qu’on appelle la socialisation des risques : tout le monde contribue à la hauteur de ses moyens pour que chacun dispose d’un minimum de droits et de garanties dans l’existence. Supprimer les aides sociales et les services publics nuit donc à l’immense majorité des gens qui ne peuvent se payer l’équilvalent dans le secteur privé. Il n’y a qu’à comparer avec le système américain, dans lequel des parents ne peuvent soigner leurs enfants faute d’argent, dans lequel les personnes âgées doivent travailler jusqu’à la mort pour survivre et où les étudiants s’endettent toute leur vie pour pouvoir faire des études. C’est de ce monde dont il est question.

La menace de la dette, de l’expatriation des riches — notez qu’on ne parle jamais d’émigration pour un riche — sont autant de monstres qu’on agite dans l’ombre mais qui sont absurdes, quand on y réfléchit bien. Qu’est-ce qui creuse la dette de l’État ? Le fait qu’il dépense plus qu’il ne gagne. Autrement dit, il faut que l’État collecte suffisamment d’impôts pour financer les actions nécessaires à la poursuite du bien collectif. Il ne s’agit en aucun cas d’abandonner des objectifs nécessaires pour faire baisser les impôts. Qu’est-ce qui fait la richesse des riches ? Pour ceux qui ont une réelle existence dans l’économie réelle, c’est de vendre des biens et services au plus grand nombre et dans les plus grandes quantités. Ils ne peuvent donc pas de se priver d’un marché ni se permettre de paupériser leurs clients. En effet, il est démontré que plus on est pauvre et moins on épargne, puisque la totalité de notre argent ne suffit même pas à assurer notre survie alimentaire. Augmentez les revenus minimums, et les pauvres un peu moins pauvres achèteront davantage de biens et de services pour couvrir leurs besoins. En revanche, les riches qui couvrent largement leurs besoins alimentaires, eux, ne vont pas augmenter leurs dépenses. Leur fortune n’enrichit pas la société en créant de l’emploi et en développant des services. Leur fortune sert à des stratégies d’auto-accroissement d’elle-même, dans un cercle vicieux qui commande toujours plus de profits à travers le monde. On pensera aux fonds d’investissement privés qui ont mis des États en faillite ou fait s’écrouler des empires industriels, ou bien aux spéculateurs boursiers qui retiennent des denrées hors du marché pour en augmenter les prix et donc leurs profits au détriment des peuples souffrant de famines.

En définitive, il n’y a que deux camps : non les gentils altermondialistes d’un côté et de l’autre les méchants requins de la finance, même si on peut facilement résumer à ça, mais bien le camp d’une minorité à qui le système profite et qui a tous les outils politiques, médiatiques et économiques en main pour conserver et accroître son pouvoir, et le camp de la majorité des vivants du monde, qui luttent pour survivre dans un système où les richesses produites sont confisquées et ne ruissellent jamais de façon suffisante vers le bas de la pyramide sociale où végète et souffre la plus grande partie de l’humanité (voir cet article).

La productivité du travail a augmenté dans des proportions hallucinantes depuis les années 1950. Pourtant, les salaires n’ont jamais augmenté dans des proportions comparables. Au contraire, le discours ambiant voudrait qu’on travaille davantage et plus longtemps. C’est absurde.

Si on travaille moins longtemps, on peut vivre mieux et mieux contribuer au bien commun par des engagement associatifs, sportifs, culturels... et ça permet surtout de travailler tous, et donc de limiter la nécessité de minimas sociaux distribués par l’État. Augmenter les salaires augmentera le pouvoir d’achat, ce qui aura pour conséquence évidente d’augmenter la consommation et les profits des entreprises comme les cotisations sociales — reste bien évidemment à redonner à nos moyens de productions et de consommation un caractère écologiquement soutenable.

La recherche de prix toujours plus bas n’a eu que des effets pervers :

— mettre en concurrence les miséreux de la Terre pour les salaires les plus bas possibles (c’est ce qu’on appelle le dumping social)

— détruire les écosystèmes en produisant dans les lieux les moins protégés (c’est ce qu’on appelle l’externalisation des risques en économie)

— accroître le transport mondial de marchandises produites toujours plus loin et donc la pollution (c’est ce qu’on appelle la mondialisation)

— appauvrir les pays en n’y conservant plus que des consommateurs pauvres à l’emploi dégradé et non des producteurs dont le travail permet de vivre dignement (c’est ce qu’on appelle a minima la tertiarisation et qui est le fruit de décennies de délocalisations au nom du profit des actionnaires)

— rendre les États impuissants à force d’interdépendance et, pour les pays les plus riches, à force de déséquilibres budgétaires qui accroissent le chômage aux dépens du travail.

Certains prétendront que la société de consommation ainsi organisée a profité à tous, et il est assez facile de constater que la plus grande partie des humains disposent désormais de gadgets jetables en plastique qu’ils n’avaient pas auparavant. Mais on peine toujours à avoir un toit, à se nourrir, à participer aux choix politiques qui nous gouvernent et à se projeter dans un avenir soutenable. Et notre monde est dans une impasse écologique où la souffrance et la mort nous attendent dans une agonie plus ou moins rapide où l’injustice et la violence seront notre quotidien.


Islamisme, wokisme et immigration sont les nouveaux épouvantails dressés désormais contre la contestation.


En effet, il y a deux moyens de mobiliser un peuple derrière soi :

— lui donner un idéal commun fort et désirable (c’est l’enjeu des idéologies et philosophies politiques, qui visent à penser aujourd’hui le monde de demain à partir de ce que nous a appris l’expérience passée) (voir cet article)

— lui donner un ennemi commun inspirant crainte et détestation (toutes les nations se montrent créatives en la matière, et la place de bouc-émissaire ne reste jamais vacante très longtemps, tant la xénophobie est plastique et sait se trouver de nouvelles cibles) Aujourd’hui, nous payons toujours le prix de la Guerre froide. Quiconque a des connaissances historiques solides le voit comme une évidence, mais la plupart des gens, englués dans un quotidien d’angoisses et de jouissances immédiates, ne conçoivent le monde que comme une juxtaposition de moments qu’aucune causalité n’irrigue. Pourtant, nous payons bien aujourd’hui le prix de la Guerre froide.

Je m’explique.

Lorsqu’on est passé des sociétés d’Ancien Régime dirigées par des rois et empereurs et assises sur une noblesse armée de privilèges à des sociétés modernes fondées sur la démocratie et l’égalité, cela s’est fait de manière inéquitable selon les régions et les gens. Si les bourgeois de l’époque comprenaient très bien ce qu’ils avaient à gagner en devenant les égaux de la noblesse, la plupart des pauvres n’ont pas vu leur situation évoluer. Si la plupart des penseurs ont pu en leur temps penser le monde d’avant et le monde d’après, la plupart des pauvres, eux, n’avaient guère qu’un présent aléatoire soumis aux caprices des guerres et de la météo. Toutefois, ça n’empêche pas de rêver d’un monde meilleur, et les suffrages et révolutions ont toujours été des moments de sursaut démocratique dans lesquels les peuples expriment leurs rêves et leurs colères.

Lorsque la noblesse et ses rois sont tombés, les privilèges liés au sang sont tombés avec eux dans l’escarcelle commune, mais la justice et l’égalité des chances ne se sont pas pour autant répandues. En effet, les plus riches se sont enrichis des ruines de l’ancienne aristocratie, mais les pauvres, eux, n’ont pas vu leur sort évoluer de manière fondamentale. Aussi, les penseurs du XIXe siècle ont commencé à comprendre que la tyrannie de l’inégalité ne provient pas de l’ordre politique, mais bien de l’ordre économique, qui impose par l’argent le pouvoir d’une minorité sur la soumission de la majorité.

Si les premiers libéraux étaient de gauche en cela qu’ils s’opposaient à la droite conservatrice et monarchiste, il s’avère que leurs analyses étaient en réalité déjà la défense des puissances de l’argent. Pour les capitalistes libéraux, l’État doit disparaître pour laisser les individus s’arranger entre eux, chacun étant libre d’entreprendre ce qu’il veut. À la critique qu’on pouvait faire quant à cet ordre nouveau de dérégulation qu’ils appelaient de tous leurs voeux en réaction à l’Ancien Régime fait de privilèges injustes et souvent absurdement répartis au mépris des compétences et mérites, ils répondent que, non, il ne s’agit pas d’ériger un monde sans foi ni loi hors l’individu, mais qu’une main invisible va faire coïncider les égoïsmes de chacun pour converger vers le bien commun. Oui, vous avez bien lu : pour les économistes du capitalisme libéral, la dérégulation s’appuie sur la conviction qu’une entité surnaturelle ou un hasard heureux va distribuer un bonheur équitablement à tous à la seule condition que l’État s’efface pour laisser chacun faire selon son bon vouloir. On n’est pas loin de l’esprit de la philosophie anarchiste, en réalité. Sauf qu’on négligerait un point essentiel en les assimilant : les défenseurs du capitalisme libéral sont d’abord et avant tout des individus des classes sociales supérieures qui veulent accroître leurs fortunes et donc payer les salaires les plus bas et esquiver les contributions au fonctionnement de l’État. Or, ces règles qu’ils combattent ont justement pour rôle et légitimité de défendre les plus faibles contre les abus des plus forts. Ainsi, les capitalistes libéraux se battent contre les défenseurs des droits sociaux quand les anarchistes se battent plus profondément contre toute autorité supérieure, qu’elle soit institutionnelle ou non, dans une sorte de communisme final où chacun a sa place dans un monde où tous se respectent et s’entraident naturellement.

Ainsi, des philosophes se sont dressés contre ce libéralisme qui ne libère que la puissance cupide des plus puissants pour proposer d’autres projets de société, notamment à travers le communisme, pensé comme une sorte de fonctionnement super-tribal dans lequel chacun est pris en charge par la communauté dans un système d’entraide solidaire, organique et évidente qui ne laisse personne sur le carreau et dans lequel chacun prend sa part. Sauf qu’on sait ce que ça a donné : les rares endroits où une révolution communiste a été tentée, ce sont des autocrates fascistes qui ont pris le pouvoir, s’imposant et se maintenant au pouvoir par la violence. Aucune société communiste n’a encore vu le jour. Certaines dictatures se sont revendiquées comme communistes, mais ce n’étaient que des étiquettes, pas des réalités. Quand Karl Marx et Friedrich Engels envisagent une société communiste, ils ne l’envisagent pas pour des pays peuplés de paysans sans éducation dominés par des élites cupides et assoiffées de pouvoir, mais pour des républiques déjà socialistes dans lesquelles l’éducation à la pensée, à la démocratie et au vivre-ensemble la rendent possible.

Mais les puissances de l’argent défendent très bien leurs intérêts, puisqu’elles ont l’argent qui leur permet de soumettre toute forme d’opposition : médias, chantage, corruption... Que peut faire un citoyen qui lutte pour survivre dans un monde de souffrances et d’injustices s’il a face à lui le rouleau compresseur sans cesse renouvelé d’une puissance financière implacable et infatigable ? Aujourd’hui, la fortune annuelle de l’homme le plus riche de la Terre correspond à quatre millions d’années de SMIC d’un travailleur. C’est plus que le temps qu’il a fallu à notre espèce pour cesser d’être un singe. Les inégalités ne sont même plus pensables, tant elles ont perdu toute mesure (voir cet article).

Quand la Guerre froide s’achève, ce sont les régimes « communistes » qui sont discrédités et le capitalisme libéral qui domine sans partage au milieu des ruines du monde. Les chantres du libéralisme capitaliste se gargarisent de créer de la richesse quand les « communistes » ont créé de la pauvreté. Le GIEC nous donne trois ans pour changer radicalement notre modèle économiqe sous peine de conséquences désastreuses auxquelles nous refusons de nous préparer et contre lesquelles nous refusons pourtant de lutter. On parle de pays qui vont disparaître sous les eaux, de terres fertiles transformées en déserts, de centaine de millions de personnes déplacées pour survivre, d’extinctions de masse avec un impact irréversible sur les échosystèmes, de famines, de pandémies, d’événements climatiques mortels et répétés... Non, le libéralisme ne triomphe pas en tant que champion de l’humanité en raison de sa pertinence : il a juste mis KO toutes les alternatives, et il finit de se consumer avec les restes agonisants du vivant (voir cet article).

Alors, parce que le libéralisme capitaliste a contre lui toute la science et toute la misère du monde, il ne peut plus se contenter de faire miroiter le mirage éhonté et fallacieux de la réussite au mérite dont personne ne peut ignorer que les exceptions ne confirment aucune règle sinon le caractère exceptionnel de ceux qui parviennent à défier la fatalité sociale d’un monde où les méritants sont presque tous des héritants qui ne partagent rien et s’approprient tout (voir cet article). Aussi les puissances de l’argent doivent nous divertir de leurs responsabilités et de notre intérêt en brouillant les cartes par de fausses études scientifiques, par un matraquage médiatique et, dernier ressort fasciste, en agitant devant nos regards perdus et effrayés le chiffon rouge de l’ennemi intérieur ou extérieur. On a eu les Juifs ; on a désormais les Arabes. On avait l’antisémitisme ; on a désormais l’islamophobie. On a eu la Shoah ; que devrons-nous avoir avant de comprendre que cette stratégie est le pire des scénarios ? Aujourd’hui, dans le débat médiatique, celui qui n’est pas un capitaliste libéral est un dangereux idéaliste qui n’est pas dans la réalité. Celui qui s’oppose au racisme est un fasciste. Celui qui s’indigne des discriminations injustes est un woke, un islamogauchiste (voir cet article). Il paraît qu’on ne peut plus rien dire, qu’on ne peut plus rire de rien. Non, en effet, on ne peut plus dire n’importe quoi, si cela entraîne la discrimination injuste, calomnieuse ou diffamatoire d’un innocent. Pourtant, les femmes ne volent pas le travail des hommes, pas plus que les homosexuels ne mettent en péril la perpétuation de notre espèce ou que les réfugiés ne menacent nos civilisations (voir cet article). Ceux qui nous tuent, ce sont ceux à qui tous ces troubles profitent, à qui toutes nos divisions permettent de conserver le pouvoir à leur seul bénéfice.

Les journaleux, bras armé du capitalisme libéral, ont retourné le langage, les valeurs et nos cerveaux avec. Ils occupent le terrain médiatique et nos réflexions, nos débats, nos opinions et jusqu’aux urnes. Chaque jour, le monde paraît menacé d’extinction davantage à cause du voile et du burkini qu’à cause du bouleversement climatique et de ses conséquences. Chaque jour, les petits délinquants qui trafiquent pour survivre menacent la stabilité de l’État là où les centaines de milliards de l’évasion fiscale ne gênent personne. Chaque jour, ce sont quelques millions de réfugiés qui sont présentés comme la cause de notre dette et de la destruction de nos services publics quand c’est depuis le début le projet libéral assumé et transparent (voir cet article). Chaque jour, ce sont ceux qui critiquent ce système inepte et mortifère qu’on fait passer pour des imbéciles, et on conditionne par médias interposés tout un peuple à cracher au visage de ses défenseurs. Non, on ne mord pas la main qui nous nourrit. Non, on ne se révolte pas contre celui qui nous donne du pain et des jeux. Oui , on reste enchaîné, on se contente des restes, le ventre grondant, et on mord les étrangers qui nous sont désignés quand bien même ils partagent nos chaînes, quand bien même nos maîtres sont maltraitants et fous.

Mais ce n’est pas une fatalité.

Chacun n’a besoin que de vraies informations, de vrais repères pour reprendre le pouvoir. Il suffit de connaître le dessein de la droite libérale, qui n’est que la version policée de la droite nationaliste et raciste et la version volontariste de la molle gauche libérale, pour déceler les manipulations et trahisons de ses champions.

Nous sommes en démocratie. En réalité, le pouvoir est dans notre bulletin de vote. Il est aussi dans notre caddie. Il est dans nos têtes et dans nos mains. Nous sommes bien plus nombreux qu’eux, et ils ont bien moins raison que nous. Ne les laissons pas avoir raison de nous.


Le GIEC a été très clair : il nous reste trois ans pour transformer notre manière d'habiter la Terre. Nous avons rendu notre planète malade, et tout le vivant souffre. Des pays vont disparaître de la carte devant l'avancée de la mer et du désert. Des guerres et des pandémies vont éclater à cause de la raréfaction des ressources, au premier rang desquelles les plus élémentaires : l'eau et la nourriture. Des milliards d'individus vont devoir migrer pour survivre. Avec des canicules plus nombreuses, plus intenses et plus durables, ce sont les espèces animales et végétales qui sont menacées de mort. Avec les extinctions de masse qui sont en cours, ce sont les écosystèmes dont nous dépendons pour survivre qui risquent l'effondrement (voir cet article, celui-ci, celui-là et encore celui-ci).


Nous n'avons pas le choix que d'agir tous et fortement, et les moyens d'action sont nombreux, à commencer par le pouvoir que nous avons par les urnes et nos caddies (voir cet article).


Or, nous ne cessons de nous laisser désinformer, résigner, détourner de l'urgence, par paresse, lâcheté ou peur. L'ignorance dans laquelle on se complaît, qui nourrit notre inertie, est un poison tragique, car nous nous condamnons au malheur, et encore plus les générations futures.


Ce ne sont plus nos lointains enfants et petits-enfants qui vont trinquer, désormais, mais nos contemporains et nous-mêmes.


L'humanité est une belle aventure, et nous allons y mettre un terme par faiblesse d'esprit. Un gâchis terrible, regrettable... et évitable.


Histoire de finir sur une note cinématographique, à défaut d'espoir, parlons effondrement :




Cette scène est tirée d'une série d'anticipation.


C'est de la fiction, mais on atteint comme souvent avec la fiction un effet de réel que notre réalité pleine d'ignorance, de bruit et de tabous peine à incarner.


Cette scène est fictive, mais elle est vraie.


Notre monde est fini. Nos civilisations telles qu'elles existent aujourd'hui le sont tout autant.


Notre déni et notre inertie nous condamnent.


Nous devons impérativement agir (voir cet article).


Nous ne pouvons leur laisser le pouvoir, car leur projet n'est pas compatible avec nos besoins les plus élémentaires (voir cet article).


À chaque scrutin, on a la possibilité de mettre notre monde sur d'autres rails. Ne faisons pas l'erreur de perdre encore du temps. Un vote ne porte jamais sur le candidat idéal mais sur le moins mauvais, celui qui nous permettra d'avancer le mieux dans la bonne direction. Consultez les programmes en gardrant en tête la boussole de la vivabilité du monde construit.


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