Frénésie du néant, de Bertrand Peillard - Nouvelles réalistes et fantastiques.
- deloeuw
- 27 sept. 2020
- 3 min de lecture

Quand la vie a des allures de vortex affamé, il est bon de se laisser aller pour mieux se retrouver... Six histoires, six plongées dans un intime exotique et familier, six récits tragiques et amusants, mais aussi intelligents et fous...
Texte d'accroche officiel : L'auteur propose six histoires truculentes sur le thème du néant et de la folie des hommes. Qu'il s'agisse de la tentative de résurrection d'un sexagénaire, de paris clandestins qui sentent la poudre, de l'étrange meurtre de Madame Columbo, de l'extraordinaire histoire de la sanisette publique City-Confort, d'un retour singulier à la conscience ou de l'édifiante réhabilitation du criminel le plus barbare de notre pays, ces six nouvelles nous entraînent au cœur des tourments de l'âme humaine, et de sa part la plus sombre.
Mon avis : Toujours avec cette plume chirurgicale et baroque qui le caractérise, Bertrand Peillard signe là un recueil dépaysant et surprenant où on ne manque pas de perdre l'équilibre et, au détour de quelque vertige fou, d'atteindre des éclairs de lucidité...
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Bertrand Peillard et son zoo intérieur
— Sors donc de l’ombre, ma fille. Qu’est-ce qu’un fantôme en bikini vient faire dans cette Sanisette publique ? — Bonjour, monsieur. Je cherche mon assassin. Est-ce que c’est vous ? — Non, mon enfant. Je suis Jésus, le fils de Dieu. Demande plutôt à Icare. Peut-être l’a-t-il vu ? — Qui est Icare ? — C’est lui, sur le toit du MUMA, en imperméable jaune. — Que fait-il ? — Voyons, c’est évident : il apprend à voler ! — Jésus ! Arrête de barber Mademoiselle avec tes délires labyrinthiques ! Bonjour, Mademoiselle. Inspecteur Columbo, pour vous servir. Je vous ai entendue parler d’un homicide : qui est la victime ? — Moi, monsieur l’inspecteur. — Le mobile ? — Ma perfection, sans équivoque possible. — Seul mon Père est parfait, ma fille. — Tais-toi, Jésus ! On parle du difficile art d’ôter la vie ! La perfection, je connais ! — Et on peut savoir en qualité de quoi vous vous permettez d’interférer avec mon enquête, monsieur… — Appelez-moi simplement Maître de la Mort. J’aime la mort et la dispensais généreusement de mon vivant. Mais je n’ai pas eu le plaisir de tuer cette ravissante et spectrale jeune fille... — Cessez donc de perdre votre temps en vains bavardages, tous les quatre ! On s’ennuie, ici ! Place à l’action ! Voyez ce revolver que je tiens : il ne contient qu’une seule balle. Je propose qu’elle identifie parmi nous le meurtrier, qu’elle le juge, le condamne et l’exécute dans la foulée et qu’on passe à table ! Je connais un vieillard bien conservé qui a préparé un repas de réveillon à tomber raide mort ! — Je vole ! — Il vole ? — Non, il tombe… — Je vole ! — Il bat fort des bras, tout de même… Peut-être que… — Non, il va percuter la tour… — Je v… — Bertrand Peillard, n’avez-vous pas honte de jouer ainsi avec les créatures de mon Père ? — Bien sûr que non ! Vous m’appartenez toutes et je fais de vous ce que je veux, mais pour le plaisir de mes lecteurs et le mien, évidemment !
Jonathan De Loeuw
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